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Combien de loups en France ?

Publié le 24 août 2009

Chargé par le Ministère de l’Écologie du suivi du loup en France, l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS) vient de publier les résultats des prospections de terrain réalisées cet hiver. 73 à 80 loups ont été recensés, soit un mieux par rapport à l’hiver 2007/2008 où la fourchette se situait entre 58 et 67 individus.











Les prospections de cet hiver ont été particulièrement fructueuses notamment grâce à un enneigement, précoce, important et de longue durée, sur presque tous les massifs. Un enneigement qui a grandement facilité le travail des correspondants du réseau loup.



Des zones de présence permanente plus nombreuses

Les prospections de terrain ont été conduites dans les 25 zones de présence permanente (ZPP) identifiées à l’issue des résultats récoltés à la fin de l’hiver 2008. Elles confirment la présence du loup dans 24 d’entre-elles. Il faut noté qu’aucun indice n’ayant été relevé pour la ZPP de la Tarentaise (Savoie), cette dernière a été déclassée. Dans les Alpes-de-Haute-Provence, faute d’une pression d’observation suffisante, un seul indice de présence du loup dans le Grand Coyer a pu être relevé. Il sera important de concentrer les efforts de prospection dans ce secteur à l’avenir. Pour les ZPP Clarée-Bardonnechia (1 seul indice de présence) et Queyras-Pellice (Hautes-Alpes), il semblerait que les loups préfèrent passer l’hiver du côté italien. De plus, l’enneigement important les aura sans doute limités dans leurs allées et venues de part et d’autre de la frontière. Dans le Var, les prospections ont été rendues difficiles à cause ici, d’un enneigement trop rare et l’accès difficile ou interdit (camp militaire) dans certains secteurs. Un seul indice de présence a été constaté. Dans les Pyrénées-Orientales, dans le massif du Carlit, les chutes de neige fréquentes au moment des prospections ont fortement compromis les recherches, permettant la découverte seulement de 4 indices (pistes et proies sauvages). Si ces manques d’information relèvent plutôt des conditions météorologiques ou du manque d’effectif disponible, il semble que pour les ZPP de Taillefer-Luitel en Isère, du Thabor-Galibier en Savoie et la ZPP de la Tarentaise, le manque voire l’absence d’indices est plutôt lié à une réelle diminution de la fréquentation des loups.








Deux nouvelles ZPP : le Cantal et la Montagne de Lure


En revanche, deux nouvelles ZPP apparaissent. Tout d’abord, dans le Cantal, la recherche d’indices s’est concentrée dans la zone où l’hiver dernier, des indications de la présence du loup avaient été relevées. Cet effort a payé et a permis de classer le secteur des Monts du Cantal en tant que ZPP. Ensuite, dans les Alpes-de-Haute-Provence, dans la Montagne de Lure, les indices démontrent une occupation pérenne du secteur depuis deux hivers consécutifs, classant ainsi ce secteur en tant que 26ème ZPP. La Montagne de Lure, à l’intersection entre les Alpes et la Provence, est sous surveillance depuis 1999, où un premier indice de présence du loup est trouvé. Exceptés quelques constats de dommages aux troupeaux entre 2001 et 2006, la présence du loup n’avait pas pu être établie. Mais les efforts de prospection se sont accentués depuis, et ces recherches accrues ont permis d’établir la fréquentation de ce massif par le loup depuis 2008.

On comptabilise donc pour cette saison, 26 ZPP. Sur ces 26 ZPP, 19 sont occupées par des meutes et 7 sont composées uniquement de loups solitaires territoriaux.



Combien de loups ?

La longue période d’enneigement de cet hiver a permis une meilleure lecture des traces et donc d’obtenir des données plus fiables et plus importantes en nombre. L’évaluation du nombre de loups présents en France s’en trouve donc renforcée. Entre 73 et 80 loups seraient actuellement présents. La population de loups serait donc à nouveau en progression après la petite baisse des effectifs constatée en 2007. C’est la meute de Vésubie-Tinée (Alpes Maritimes), la meute historique du Mercantour, qui compte actuellement le plus grand nombre d’individus : 10 loups. Même s’il est fréquent que les meutes en Europe regroupent une douzaine d’individus, depuis le retour du loup en France, aucune meute n’avait jamais comptabilisé un nombre aussi important d’individus. Il faut rappeler que le nombre de loups composant une meute varie fortement au cours d’une année : la mortalité des juvéniles et des adultes en hiver, les naissances au printemps, auxquelles il faut soustraire les dispersions automnales et printanières. La meute de Vésubie-Tinée, ou encore celle du Queyras, ont démontré à plusieurs reprises ce phénomène. Il est arrivé que les effectifs de ces meutes aient été supérieurs à 6 individus à la fin de l’hiver, pour finalement tomber à 4 voire 2 loups quelques mois plus tard.



Une occupation spatiale qui semble s’étendre

Le comptage hivernal de l’année 2008 démontrait déjà l’expansion spatiale du loup, notamment avec la confirmation de la présence permanente du loup dans les Pyrénées-Orientales. La campagne de 2009 confirme cet élan, avec la présence établie du loup dans le Cantal et dans la Montagne de Lure dans les Alpes-de-Hautes-Provence.

Mais tout un cortège d’indices semble démontrer que le loup poursuit sa reconquête en-dehors du cœur des Alpes. Ainsi, selon des indices relevés sur le terrain, le loup aurait été présent dans le pays de Digne (Alpes-de-Haute-Provence). De même, dans les Hautes-Alpes, une observation visuelle de 2 individus, l’analyse génétique d’un excrément et une attaque sur un troupeau viennent corroborer la présence du loup à l’ouest de Gap, dans le secteur de Cëuse-Aujour. Dans le Var, sur le massif de la Sainte Baume, l’analyse génétique réalisée sur des fecès trouvés en février 2009, révèle la présence du loup, confirmée par des dommages constatés en mai 2009 et attribués au loup. Dans la Drôme, le loup a été jugé responsable de deux attaques sur des ovins près de Crest. Une observation visuelle et la découverte de deux pistes semblent confirmer le passage d’au moins un loup. Dans le Vercors, dans le secteur des Quatre Montagnes, des indices de présence du loup ont été découverts et l’analyse génétique d’urine menée en février 2009 confirme la présence du loup près de Lans-en-vercors, sans toutefois pouvoir préciser le sexe et l’origine de cet individu.

Dans les Pyrénées, des prospections hors de la zone du massif du Carlit ont été conduites. Si aucun indice n’a pu être retrouvé dans le massif du Madres, les prospections dans le massif du Canigou ont permis de découvrir 2 pistes, à cheval sur la frontière franco-catalane.

Dans le Massif Central, l’analyse des indices relevés dans les Cévennes ont finalement révélé qu’il s’agit du même individu qui occupe les Monts du Cantal. Il est probable que les indices détectés dans le Puy-de-Dôme et le Cantal proviennent également de cet individu qui parcourt de grandes distances en vue de trouver un partenaire.



Si l’expansion géographique du loup dans le cœur des Alpes se ralentit, car les territoires favorables à l’installation de loups sont déjà colonisés par d’autres meutes, en dehors de ce secteur historique, la colonisation du loup prend un rythme plus soutenu, surtout dans les Préalpes et dans le Massif Central.



Les résultats à venir des campagnes de hurlements provoqués viendront compléter ces informations sur la population de loups présente en France. Des résultats pour l’instant encourageants, mais la vigilance reste de mise. En effet, les dispositions du protocole de tir applicable pour cette saison permettent l’augmentation du quota de loup pouvant être abattu et des tirs hivernaux. De plus, même si pour l’instant, il n’est pas possible de connaître l’origine de la mort, des restes d’un loup ont été découverts au mois de mars 2009, dans les Hautes-Alpes près d’Abriès. Il n’est pas exclu que les actes de braconnages se poursuivent.



Sources : Quoi»>http://www.loup.developpement-durable.gouv.fr/spip.php?page=bulletin»>Quoi de neuf n° 21 - ONCFS - Août 2009

Consulter le bilan de l’hiver 2007/2008

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