L'ours a bon dos : explication sur le dérochement de Luz-Saint-Sauveur
La commission d’indemnisation des dégâts d’ours (CIDO) a décidé d’indemniser l’éleveur qui a perdu 132 brebis lors d’un dérochement « au bénéfice du doute ». Explications.
Dans la nuit du 2 au 3 juillet, plus de 100 brebis ont basculé dans le vide à Luz-Saint-Sauveur. Très habilement, suite au vote favorable au renforcement par le Comité de massif, des opposants au plantigrade ont lancé une campagne contre l’ours, sans attendre les conclusions de l’enquête.
La commission d’indemnisation des dégâts d’ours, réunie le 19 juillet, a finalement conclu à une indemnisation de l’éleveur au bénéfice du doute, ce qui signifie que l’expertise n’a pas pu mettre en évidence la responsabilité de l’ours : ni par des traces, ni par du sang, ni par une quelconque morsure.
Le seul élément, non probant, est le passage de l’ours attesté par deux photographies prises par les pièges photographiques du réseau de surveillance de l’ours brun. D’ailleurs, ce passage avait donné lieu à un message d’alerte aux éleveurs du secteur, message qui semble n’avoir pas été entendu par l’éleveur qui a laissé ses brebis dans ce secteur très escarpé.
Cette indemnisation donnée au bénéfice du doute permet à l’éleveur d’éviter une perte, mais aussi d’acheter la paix sociale. Une décision qui paraît judicieuse à courte vue, mais à long terme, elle ne permettra pas une meilleure acceptation de l’ours. D’une part, ces dégâts attribués à tort resteront collés à la fourrure de l’ours et serviront d’argument aux opposants pour justifier l’incompatibilité de l’ours avec le pastoralisme. D’autre part, de telles décisions ne font qu’encourager le manque de gardiennage des troupeaux, la désinformation et les prises de positions radicales.
En 50 ans d’existence du parc national des Pyrénées, on comptabilise en tout et pour tout 5 dérochements, pour 2, la responsabilité de l’ours est avérée, les 3 autres lui ont été attribués dans le doute.