Pollution : la sécurité des sites industriels les plus polluants de nouveau prise en défaut...
Une lourde pollution au perchlorate d’ammonium, concernant des sites de captage de l’agglomération de Bordeaux, a été confirmée avant-hier. Cette pollution semble être le résultat d’un héritage : l’utilisation depuis 50 ans d’un produit non réellement surveillé, car non réglementé. Un cas de figure qui n’est pas une première et qui soulève une fois de plus les limites du système de surveillance des sites industriels les plus dangereux en France.
Un droit à polluer
Comment est-il possible aujourd’hui que des sites industriels puissent rejeter autant de substances toxiques dans l’environnement ? Pour Marc Sénant, coordinateur du réseau risques industriels à FNE : « Par le biais d’autorisations, les industries ont le droit de rejeter quotidiennement dans le milieu des substances toxiques jusqu’à un certain seuil, seuil déterminé par des considérations sanitaires et environnementales. Or, les autorités françaises n’ont jamais défini de seuil admissible de perchlorate d’ammonium dans l’eau. Pourquoi faut-il attendre aujourd’hui pour que l’ANSES* fixe un seuil ? »
L’absence de réglementation entraîne une absence de surveillance de ces substances au quotidien. A cause de leur accumulation dans l’environnement, le problème apparaît trop souvent après des années d’exploitation, avec des conséquences considérables et parfois irréversibles. Marc Sénant poursuit : « cette pollution peut être également le résultat d’une fuite due à un défaut d’entretien, un défaut d’investissement sur un équipement. »
Des mesures systématiques pour prévenir ces pollutions
Le problème soulevé ici est donc bien la surveillance de l’ensemble des molécules produites par un site industriel et pas seulement celles visées par la réglementation. Le cas bordelais est sans appel : la non prise en compte de cette molécule au motif qu’elle n’est pas normée a entrainé une pollution très importante.
Pour Bruno Genty, président de France Nature Environnement : « Là où des mesures préventives auraient permis d’éviter cette facture à moindre frais, comme par exemple le filtrage plus efficace du rejet, ou une surveillance plus régulière, voici l’exemple même du coût de l’inaction. Nous ne le disons que trop souvent : protéger l’environnement a certes un coût, ne pas le protéger finit toujours pas coûter beaucoup plus cher à la collectivité. »
FNE demande que, sur ce dossier, toute la lumière soit faite sur les causes de cette pollution, que les mesures correctives soient prises et annoncées le plus rapidement possible et que, plus globalement, le spectre des molécules surveillées ne se limite plus aux seules exigences réglementaires et que l’industriel s’assure qu’aucun des produits qu’il utilise dans son installation ne se retrouve dans l’environnement.
*ANSES : Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail
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Yann Barthélemy, responsable du service Presse
01 44 08 02 51
www.fne.asso.fr
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