Réduire nos gaz à effets de serre, un objectif impossible à atteindre ?
Alors que le Gouvernement annonçait il y a un mois sa volonté de dépasser l’objectif des 20% de réduction des émissions de GES d’ici 2020 par rapport à 1990 et d’atteindre les 30% de réduction, les données publiées début août par le Commissariat général au développement durable annoncent que la France rejette toujours autant de CO2 qu’en 1990 !
D’après les données du ministère de l’Ecologie, les rejets de CO2 se sont élevés en 2007 à 439 millions de tonnes, soit 1 tonne de plus qu’en 1990. Ces données, bien que conformes à l’objectif du Protocole de Kyoto pour la France (maintenir les émissions de GES au niveau de 1990), sont bien loin des 12% de réduction annoncés par le gouvernement début 2010 et de l’objectif de -3% par an imposé par la loi POPE de 2005.
Pourquoi un tel écart ?
Une hausse de la production et des consommations et une forte hausse des importations ont eu raison des progrès réalisés pour obtenir une économie décarbonée . Bien qu’ayant une économie à la pointe en termes d’efficacité énergétique, la France n’est pas encore entrée dans l’ère de la sobriété énergétique.
Par ailleurs, la réduction des émissions de GES passe pour la mise en place d’une réelle politique de transport durable, au travers d’efforts significatifs vers les modes de transports alternatifs au routier . Dans l’Hexagone, le transport routier est responsable de plus de 80 % des émissions de GES. Or malgré le Grenelle de l’environnement et la rupture annoncée, la France semble toujours engagée dans le routier et l’autoroutier.
Comment atteindre le facteur 4 ?
La sobriété énergétique prônée par une réduction de 30% au moins de nos émissions de GES semble à FNE la seule voie durable. Une telle ambition implique aussi un développement massif des énergies renouvelables locales pour garantir l’autonomie énergétique des territoires. Mais pas seulement. Il faut absolument réintroduire, avec succès cette fois, une fiscalité carbone et redonner vie à la contribution Climat-Energie. Nos ressources doivent être attribuées en priorité aux mesures permettant des réductions maximales d’émissions et ceci à moindre coût.
Certains outils vont malgré tout dans le bon sens. La mise place de la Taxe Kilométrique Poids Lourds est un pas en avant : les moyens récoltés par cette éco-redevance permettront de développer les modes de transports de marchandises alternatifs à la route ferroviaire et fluvial.
Seule une diminution significative des consommations d’énergie tous secteurs confondus, couplée à une augmentation de la part des énergies renouvelables dans le bouquet énergétique français, permettra d’avoir une approche cohérente de lutte contre le réchauffement climatique et d’adaptation à l’augmentation du prix de l’énergie. Cela ouvrirait la voie à une société fondée sur la sobriété et l’efficacité énergétique.
La France doit aujourd’hui accentuer de manière significative ses efforts afin d’atteindre les objectifs qu’elle s’est fixée.