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Budget : Où trouver les milliards ?
Où trouver les dizaines de milliards d’euros qui manquent pour boucler le budget de la France ? En dégradant les conditions de vie des Françaises et des Français, notamment les plus fragiles ? Ou en prenant soin du vivant – humains et autres qu’humains – comme l’ont démontré des études sérieuses depuis des années ? France Nature Environnement choisit clairement la seconde option. Revue des économies à faire de toute urgence pour améliorer nos vies.
Lutter contre les déchets plastiques : 1,6 milliard d’euros économisés par an
Il y a près de 20 ans, l’Union Européenne s’est fixée des objectifs clairs de réduction des emballages plastiques non-recyclés. L’atteinte de ces objectifs, essentielle pour réduire la pollution aux plastiques des eaux, des sols, et des organismes, passe par à la fois la réduction de la production et de l’utilisation des emballages plastiques et la mise en place de filières efficaces de collecte et de recyclage pour les emballages restant. Afin d’inciter les Etats à mettre en place ces politiques, les pays membres de l’Union Européenne doivent payer une contribution de 80 centimes d’euros par kilogramme d’emballages plastiques non-recyclés. La France est en retard sur les deux aspects (réduction des emballages plastiques et recyclage avec 23% d’emballages plastiques recyclés en France en 2021 contre une moyenne européenne de 41% et même 48% pour l’Allemagne et l’Italie), elle doit donc payer une contribution qui atteint 1,564 milliard d’euros en 2023, ce qui la place au 1er rang européen. Par comparaison, l’Italie paie 655 millions d’euros et l’Espagne 686 millions.
Source : Recettes de l’UE fondées sur les déchets d’emballages en plastique non recyclés
Appliquer les normes de qualité de l’air : 11 milliards d’euros économisés par an
Le rapport de la Commission d’enquête sénatoriale sur le coût économique et financier de la pollution de l’air (Commission présidée par le sénateur LR Jean-François Husson) indique que le coût de cette pollution pour l’économie française se situe au bas mot dans une fourchette entre 68 et 97 milliards d’euros par an. Le rapport cite également des travaux de l’INERIS (Institut national de l’Environnement industriel et des Risques) qui conclut que le respect des plafonds d’émission de la directive européenne NEC (National Emission Reduction Commitments) permettrait une économie nette pour les finances publiques de 11 milliards d’euros par an. Ces économies seraient le reflet de bienfaits directs pour la qualité de vie des Françaises et des Français, liés à une baisse des maladies cardiovasculaires, une amélioration de la santé mentale et un allongement de l’espérance de vie.
Source : Commission d’enquête sur le coût économique et financier de la pollution de l’air
Lutter contre la malbouffe : un potentiel de 19 milliards d’euros d’économies par an
En septembre 2024, quatre associations (le Secours Catholique, le réseau CIVAM, Solidarités Paysans et la Fédération Française des Diabétiques) ont publié un rapport montrant que la malbouffe coûte chaque année 19 milliards d’euros aux finances publiques (dont 12,3 milliards en dépenses de santé et 3,4 en réparation des dégâts écologiques, plus de 3 milliards d’euros en dépenses sociales en soutien aux monde agricole notamment). Ces 19 milliards d’euros, s’ajoutent aux plus de 48 milliards d’euros d’argent public dépensés chaque année en soutien au système agro-alimentaire français, dont « 80% entretiennent un modèle à l’origine de l’essentiel de ces impacts ». Autrement dit, la France a largement les moyens financiers d’organiser la transition de son système agricole et alimentaire pour le transformer en un système qui prenne soin de nos paysans et paysannes, du vivant et de la santé des consommateurs et consommatrices, avec à la clé de très importantes économies.
Source : L’injuste prix de notre alimentation
Vouloir s’attaquer à la dette financière de la France en laissant filer la dette environnementale est illusoire. L’inaction écologique coûte extrêmement chère. Ainsi que le soulignait la Banque Centrale Européenne, dans son rapport de septembre 2023 sur les deuxièmes stress tests climatiques qu’elle a menés, alerte : «Ne pas accélérer la transition écologique entraîne une baisse de la rentabilité des entreprises et du pouvoir d’achat des ménages, tout en augmentant le risque de crédit pour les banques». Elle souligne : «Retarder davantage la transition signifie manquer les objectifs de l’accord de Paris et exacerber l’impact des risques physiques coûteux.»
Selon l’Agence européenne de l’environnement, les phénomènes météorologiques extrêmes tels que les tempêtes, les vagues de chaleur et les inondations ont entraîné des pertes économiques d’environ 500 milliards d’euros au cours des 40 dernières années et ont causé entre 85 000 et 145 000 décès en Europe. En valeur absolue, les pertes économiques les plus importantes au cours de la période 1980-2020 ont été enregistrées en Allemagne, suivie de la France puis de l’Italie.
Antoine Gatet, président de France Nature Environnement : «Qu’il s’agisse de climat, de santé, de pollution ou de biodiversité, toutes les études montrent que le coût de l’inaction est bien plus élevé que le coût de l’action. Les trois exemples ci-dessus l’illustrent parfaitement : protéger le vivant, permet à la fois d’économiser immédiatement des dizaines de milliards d’euros d’argent public et en même temps d’améliorer la vie de nos concitoyennes et concitoyens. C’est évidemment la direction que doivent prendre nos élus.»