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Encore un incident entre un chasseur et un ours

Publié le 11 septembre 2008

Dimanche 7 septembre, lors d’une battue au sanglier organisée par l’association de chasse locale sur le massif de Laurza, entre Ariège et Aude, un chasseur effectue un « tir d’instinct », à une distance de 50 mètres, sur un animal qu’il pense être un sanglier. Une fois la bête touchée, le tireur se rend compte qu’il s’agit d’un ours. Il prévient de suite les autorités.







Balou blessé


L’examen des poils retrouvés sur place et le suivi télémétrique ont permis de déterminer qu’il s’agissait de Balou. Ce mâle d’origine slovène, âgé de six ans environ, a été relâché à Arbas (Haute-Garonne) le 2 juin 2006, dans le cadre du plan de restauration et de conservation de l’ours brun dans les Pyrénées.



L’équipe Technique Ours et des agents de l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage sont sur place afin de localiser l’animal et déterminer la gravité de ses blessures. L’ours qui avait rejoint son gîte s’est déplacé, dérangé par la tentative d’approche de l’équipe.



Pour ne pas perturber plus l’animal, il a été décidé d’assurer un suivi plus distant. L’on sait, grâce à son émetteur, que Balou reste actif. Dans la nuit du mardi 9 septembre au mercredi, il a laissé des traces sur un terrain plus meuble en effectuant une boucle de deux kilomètres. Elles ont permis de confirmer que l’ours est blessé à la patte avant-droite.



Certes, Balou n’est que blessé et n’aura pas subi le même sort que ses prédécesseurs (Cannelle, Mellba et Claude). Pour autant, l’acte n’en est pas moins grave. En effet, ce tir constitue un manquement grave aux consignes élémentaires de sécurité qui veulent qu’avant d’appuyer sur la gâchette, le chasseur ait bien identifié sa cible. Aussi, FNE a-t-elle décidé de déposer une plainte.



Cet incident pose une fois encore la question de la pratique de la chasse, et plus particulièrement des battues au sanglier, dans les secteurs occupés par les ours. L’automne est une période particulièrement sensible. Les ours engrangent des réserves en vue de l’hibernation et parcourent ainsi les forêts à la recherche de nourriture et d’une tanière pour passer l’hiver. De plus, en cette période, les femelles sont encore accompagnées des petits nés l’hiver précédent. Aussi, une chasse en battue avec des chiens, est  perturbante pour les ours et particulièrement dangereuse, à la fois pour les femelles accompagnées de petits, mais aussi pour les chasseurs, qui risquent de se trouver confrontés à une femelle défendant sa progéniture.



Comment progresser ?

Plus souvent qu’à leur tour, FNE et ses associations membres des Pyrénées ont demandé qu’une concertation soit engagée avec les instances cynégétiques afin de trouver une issue. Elles souhaitent que soient rapidement trouvées des solutions responsables et acceptables par tous, chasseurs et non chasseurs, pour assurer la sauvegarde de l’ours dans les Pyrénées.



La mise en place rapide de quelques mesures de simple bon sens permettraient d’assurer une cohabitation entre la chasse et l’ours :


  • intensifier la campagne de sensibilisation auprès des chasseurs en zones à ours (conduite à tenir, identification de la présence de l’ours, connaissance de la biologie de l’animal, inclure une formation spécifique lors du passage du permis de chasser) et associer les chasseurs au suivi de la population grâce au transfert des informations qu’ils collectent sur le terrain, 

  • intégrer aux réserves de chasse les zones de quiétude comme les zones de repos ou de tanière, et certains sites d’alimentation automnale exceptionnels, en partenariat avec les chasseurs ;

  • réserver les pistes forestières et pastorales aux seules activités professionnelles. Elles ne doivent pas être empruntées par les véhicules dechasseurs, pas plus que par ceux des randonneurs, ramasseurs de champignons, naturalistes, …

  • interdire la chasse en battue dans les zones vitales fréquentées régulièrement par les ours en automne (site d’alimentation rares ou zones de tanières) ou en cas de présence d’une ourse suitée ;


  • intensifier la lutte contre le braconnage et les actes de dérangements intentionnels, en coordination avec les services de l’État et les fédérations de chasse ;


En concertation avec les chasseurs, il conviendra de définir et de réglementer :

  • Des zones non chassées dans les secteurs considérés comme les plus vitaux pour l’ours (site d’alimentation rares, zones de tanières, présence d’une ourse suitée) ;


  •  Des zones dans lesquelles il conviendrait de poursuivre de façon ponctuelle la suspension temporaire de battue en cas de présence avérée d’ours, et ce surtout dans le cas d’une femelle accompagnée d’oursons. Une information spécifique liée à la sécurité devrait alors être effectuée auprès des chasseurs et autres usagers de la  montagne.


Une solution ?

S’il est certain que tous les chasseurs n’ont pas pris la mesure de l’enjeu de la conservation de l’ours pour la préservation des habitats et donc du gibier, et que les instances cynégétiques n’ont pas encore saisi à bras le corps ce problème, force est de constater que de son côté, l’État fait preuve sur cette question d’un certain immobilisme, et ce alors même qu’il est l’initiateur du plan de restauration et de conservation de l’ours brun.

Le sujet devrait être abordé dans le cadre des tables-rondes «Chasse» qui se déroulent actuellement sur le modèle du Grenelle de l’Environnement. On peut espérer qu’une solution satisfaisant les uns et les autres y sera trouvée.



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