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La France persiste dans sa volonté de gérer le loup pour la période 2008-2012

Publié le 1 juillet 2008

Le protocole de tir du loup est entré en vigueur au mois de juin 2008. Les loups sont dans la ligne de mire !

Depuis décembre 2007, le plan d’action national sur le loup pour la période 2008-2012 se prépare dans trois groupes de travail (moyens de protection contre la prédation, gestion et suivi de la population de loups) auxquels FNE a participé activement. En parallèle, le ministère de l’écologie envisage de nouvelles opérations de «prélèvement» du loup pour la période 2008-09, dans le cadre d’un protocole technique en cours de discussion. Objectif inavoué de ces documents : freiner l’expansion géographique et numérique de l’espèce.



Le «Plan loup 2008-2012» vient d’être présenté dans une version quasi-définitive au Groupe national Loup et au Conseil National de Protection de la Nature. Ce plan fixe les orientations de gestion et les objectifs visés en ce qui concerne la présence du loup en France. Lui est adjoint un protocole qui décline concrètement sur le terrain, les actions à mettre en œuvre pour atteindre les objectifs du plan d’action, et notamment les procédures encadrant les tirs du loup.



Pour ce qui concerne les secteurs où la population de loup est installée, le projet de plan d’action est globalement correct. En effet, même s’il est parfois bavard et approximatif, même s’il est insuffisamment précis dans certains de ses objectifs ou volontairement confus, même s’il ne nous satisfait pas pleinement, ce plan devrait «permettre» la poursuite de l’installation de la population et sa pérennisation.



La crainte de l’expansion du loup

En adoptant une approche comptable des perspectives d’évolution de l’espèce en France, le plan d’action ouvre par contre des perspectives de frein ou d’empêchement local à l’expansion de la population, dans certains secteurs d’installation possible et «prochaine». Il reprend ici les propositions des inspecteurs généraux de l’environnement Guth et Bracque puisqu’il est fait état de «territoires inappropriés à son installation» ou de «l’aptitude des zones de colonisation à accueillir une population de loups».

Cette nouvelle approche ouvre sans le dire la voie à un «zonage», avec des territoires où le loup est installé ou pourrait s’installer, et d’autres où ses possibilités d’installation seraient repoussées. Ceci constitue donc le point nodal à faire évoluer dans le projet de plan.

Au vu des effectifs actuels, il est en effet nécessaire et essentiel d’accompagner le développement de l’espèce comme cela s’est passé sur l’arc alpin : phase de colonisation ; déploiement des moyens d’accompagnement ; mise en oeuvre des mesures de protection dans les élevages concernés ; puis autorisation d’effarouchement, et progressivement de tir de défense et -exceptionnellement- de prélèvement. Cet accompagnement, durant trois à quatre ans minimum, peut évidemment être adapté si l’arrivée et l’installation du loup survenaient dans des territoires difficiles et un type d’élevage particulièrement vulnérable. Dans ce cas, des tirs de prélèvement ponctuels pourraient s’envisager.

Mais le plan d’action n’adopte pas cette logique et propose, au contraire, de faciliter les tirs (défense et prélèvement) dès la première année de présence du loup sur un nouveau territoire. Cela est d’ailleurs clairement inscrit dans le projet de protocole, relatif aux opérations de prélèvement pour la période 2008-2009.



Les inquiétantes ardeurs «régulatrices» du projet de protocole 2008-09

Si le projet de nouveau protocole reprend globalement les mesures des années précédentes (avec un quota de six individus) et conditionne les possibilités de tirs à la mise en oeuvre préalable de mesures de protection, il prévoit de renforcer les pouvoirs du préfet, sur qui repose une série de décisions et de possibilités d’interprétations en matière de tirs de défense comme de tirs de prélèvements.

Ainsi le préfet est chargé de déterminer les situations où les moyens de protection des troupeaux seraient impossibles à mettre en oeuvre ou inopérants, sans être contraint par une évaluation préalable sérieuse des dispositifs existants et des diagnostics de vulnérabilité par unité pastorale.

De même, le préfet pourrait décider des armes utilisables pour les tirs de défense, alors que ce choix relevait jusqu’à présent du niveau national. Cette disposition, à aucun moment demandée par les représentants agricoles, ouvre clairement la voie à l’utilisation d’armes à canon rayé réclamée par certains préfets, transformant le tir de défense auprès du troupeau (effarouchement, blessure difficile, tir létal quasi impossible) en un tir de régulation. L’emploi d’une arme efficace de plus longue portée change complètement cet élément du dispositif, de même qu’il peut poser de sérieux problèmes de sécurité pour les autres usagers des espaces naturels.

Il est clair qu’un tel changement de logique va à l’encontre de l’esprit de compromis avec lequel notre fédération s’est investie dans l’élaboration et les groupes de travail du prochain «Plan d’action loup». C’est pourquoi, la fédération demande instamment la suppression de cette disposition dans le projet de protocole.



D’autre part, comme souligné précédemment, le protocole prévoit des possibilités de tirs de défense ou de prélèvement dans les territoires de colonisation récente (c’est-à-dire partout en dehors des zones de présence permanente). Cette disposition change totalement la politique suivie jusqu’à présent. Sans attendre que le loup soit installé, sans laisser le temps à des dispositifs de protection des troupeaux efficaces de se mettre en place, la possibilité des tirs de défense, voire de prélèvement, est directement ouverte en zone de colonisation. Alors que pour ces territoires, nous préconisons comme toujours l’anticipation (échanges d’expériences, formations, crédits d’urgence), la mise en oeuvre de moyens de protection avec accompagnement des éleveurs et, en cas extrême, la possibilité encadrée de moyens d’effarouchements.



Au final, la France ne semble pas vouloir sortir d’une position défensive à l’égard du loup. Après plus de quinze ans de présence du prédateur, il serait temps de s’engager durablement dans des solutions actives et novatrices. Les nouvelles orientations proposées n’en prennent pas le chemin.

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